Domaine du Clos Naudin - Philippe Foreau (Vouvray) *****
Domaine de 12 hectares géré par Philippe Foreau et son fils Vincent, en bio (certification d'ici peu ?). S'il y a eu des problèmes de bouchon par le passé, le seul défaut que l'on pouvait reprocher au domaine est corrigé depuis 2015. Les secs sont très tendus, parfois austères en jeunesse, moins gourmands et plus secs qu'au domaine Huet. Les moelleux (y compris les fameuses Goutte d'or 1947, 1990, 2011 et 2015) sont à la fois plus riches en sucres mais aussi plus tendus, moins marqués par l'ananas que chez le voisin. Les bulles sont aussi d'un excellent niveau, à la fois briochées et crayeuses, pouvant rivaliser avec bon nombre de champagnes.
Passage au domaine pour goûter les 2015 sur fût et acheter quelques 2014. Pas de drosophiles en 2015, sans que l’on sache vraiment pourquoi, les rendements sont donc un peu plus élevés, mais pas tant que ça non plus (34hL en 2015 contre 30hL en 2014). Le millésime s’annonce grandiose, avec des bulles, des secs qui seront encore bien meilleurs que les 2014 selon Philippe Foreau, demi-secs, moelleux, moelleux réserve, et peut-être une goutte d’or.
Les vins viennent juste ou sont encore en train de finir la fermentation alcoolique, premier soutirage pour la plupart des fûts puis un premier assemblage en lots la semaine prochaine ce qui permettra d’y voir un peu plus clair pour les futures cuvées.
Fût issu du 1e jour de vendange, 8 fûts de la sorte, avec 12,5% de potentiel : vin vif, citronné, encore du gaz carbonique, peu de matière. Utile pour redonner un peu de vivacité aux lots qui en manqueront.
Fût issu du 5e jour de vendanges, 13 barriques de la sorte, 13,6% potentiel : bien plus puissant et plus concentré que le précédent, grosse tension, encore quelques arômes fermentaires de pomme verte, très bon.
Fût issu du 11e jour de vendanges, 13,7% potentiel : moins fermentaire que les précédents, belle aromatique avec beaucoup d’agrumes, citron, poire, moins tendu que le précédent, mais plus gourmand. Très beau aussi.
Fût demi-sec, 30gr SR, déjà 1 soutirage, 12,9% potentiel : belle aromatique très exotique avec du litchi, de l’ananas, de la pêche, très facile et gourmand mais manque un peu de tension.
Fût liquoreux 70gr SR : un fût qui se goûtait moins bien que les autres, pas encore assez avancé dans sa fermentation.
Fût liquoreux 100gr SR, 3 barriques ½ de la sorte : on ne sait pas encore si elles entreront dans le moelleux ou le moelleux réserve, très confit, exotique, ultra gourmand.
Fût liquoreux 130gr SR : plus frais que le précédent, poire, pêche, plus tendu et plus long, excellent.
Fût liquoreux 150gr SR : même série de fûts, plus sur l’abricot, encore plus concentré, léger côté exotique, très long, excellent aussi.
Fût liquoreux 200gr SR, 4 barriques de la sorte : nez un peu fermentaire, bouche à la fois exotique, gourmande, confite et fraîche avec de la poire, de la pêche. Encore un niveau au-dessus des précédents. Peut-être un fût des futures gouttes d’or. Mais s’il n’y en a pas, ça va donner un grand moelleux réserve 2015.
Foreau - Vouvray sec 2010
Couleur : paille.
Nez : peu expressif à l'ouverture de la bouteille mais bien mieux le lendemain, assez classique, citronné, un peu de poire et de coing. Un peu jeune pour être d'une grande complexité, mais tout est là pour l'avenir.
Bouche : là aussi elle ne s'exprimera pleinement que le lendemain, grosse acidité, superbe tension, minérale à souhait, mais c'est encore un peu jeune. Bonne matière. Dans un registre sec. L'aromatique est sur le coing, les agrumes avec des notes patissières qui me rappellent La Lune 2010 de Mark Angéli bue récemment. Un peu d'amertume en fin de bouche.
Finale : longue, très fraîche, superbe tension.
Note : 17,5/20. Un très bon vin, mais qui aurait besoin de quelques années encore pour atteindre son apogée.
Très bon article sur le domaine ici : http://maigremont.canalblog.com/archives/2010/08/07/18719677.html
Foreau - Vouvray moelleux reserve 2003 : (150gr SR) belle robe ambre clair, nez très expressif sur le miel, le coing, la mangue, l'ananas, un peu de noisette, de toffee, voire d'épices. En bouche l'attaque est vive, assez puissante avec une belle concentration, on retrouve les fruits du nez avec un côté fruits secs un peu plus marqué. Sur la fin de bouche et la finale le vin manque un peu d'acidité pour être parfait. La longueur est quand même bonne, le vin jamais trop lourd même avec ce petit manque de tension. Note : 18/20.
Vouvray effervescent demi-sec 2009 : or pâle, nez sur la noisette, un peu de poire, de pomme et d'agrumes. Bouche gourmande, sucrée, encore sur la noisette, un peu briochée, mais manquant un peu de fraîcheur et d'acidité par rapport aux brut. Longueur moyenne. A garder pour le dessert. Note : 15/20.
Vouvray sec 2014 : regoûté en bouteille, la première a un nez étrange à l'ouverture (champignon ?) qui se dissipe très vite, puis nez moyennement expressif sur la poire, beaucoup d'agrumes. Bouche très vive, tendue, grosse acidité, sur le pamplemousse et le citron, appelle les fruits de mer en l'état. Finale longue, sur le pamplemousse avec de l'amertume. A attendre un peu pour que tout se mette en place, déjà pas si mal si on recherche la tension. Note : 16,5/20.
Sec 2013 : nez poire, pâte à pain, très floral, à peine miellé, bouche tendue, très sèche, avec une finale frangipane et poire. TB.
Moelleux 2009 : poire, brioché, a mangé pas mal de ses sucres, très belle acidité derrière. TB+.
Vouvray demi-sec 2005 : encore jeune, mais un peu entre deux âges, pas fruité éclatant, pas encore très tertiaire, finale un peu chaleureuse. B+.
Clos Naudin Vouvray demi sec 2011 : robe paille, le nez a des similitudes avec le Bouzeron pour le côté brioche, noisette, de la poire et un peu plus d’agrumes ici. Bouche vive, qui fait presque sèche, plus en tension que le Bouzeron, longueur moyenne sur l’amertume du pamplemousse. Il manque quand même un peu de gourmandise à mon goût pour un demi-sec. TB-.
Vouvray sec 2020 : fruité, très poire, un peu mûr, bouche avec de la tension, qui finit sur l'amertume. A attendre un peu. TB.
Vouvray sec 2019 : plus caillou mouillé, plus tendu, minéral, finale très longue, amers nobles. TB+.
Vouvray demi sec 2016 : très caillou aussi, fruits frais, très long et minéral, peu de SR (18gr). TB++.
Vouvray moelleux 2018 : bel équilibre, fruits frais, manque un poil de tension pour etre un grand millésime. TB+.
Visite chez Philippe Foreau, Domaine du Clos Naudin à Vouvray
Le domaine possède environ 12 hectares, dont la plupart sont situées sur la partie qui correspond au Mont d’Huet, donnant des vins particulièrement minéraux. Les vinifications sont très courtes, les vins sont mis en bouteilles en avril ou mai, après environ 6 moins de vieillissement dans de vieux fûts de 300L dont seulement 5% sont renouvelées chaque année. Le domaine essaye d’éviter la fermentation malolactique sur tous les vins pour garder le maximum d’acidité. Le côté gras et lacté comme le boisé peuvent convenir au chardonnay mais pas au chenin pour Philippe Foreau. Pas de cuvées parcellaires, le domaine préfère assembler pour que toutes les bouteilles vendues soient au minimum très bonnes, plutôt qu’il y ait de l’excellent et du « moyen ».
Début de la dégustation dans les bureaux en attendant le maître
Brut 2010 : (6mois de fût + environ 4ans en bouteille avant d’être commercialisé) très vif, citronné, le millésime a donné une bonne acidité, très frais, un peu simple par rapport au brut réserve, mais efficace. B+.
Brut réserve 2007 : (même méthode que le 2010, mais 7ans en bouteille, il n’y a pas eu de simple « brut » sur ce millésime) robe plus foncée, nez brioché, un peu beurré, sur la frangipane, bouche très vineuse, bonne acidité, bulle fine, finale longue et citronnée. TB.
Sec 2012 : (bouteille ouverte 3j avant, Millésime « moyen », léger manque de maturité, 2,9gr SR, rendements assez faibles) Nez fruité, poire, citron, beaucoup de fleurs blanches. Bouche un peu maigre, sèche, citronnée, minérale, pas une grosse acidité mais probablement à cause de l’ouverture 3jours avant. Légers amers en finale. Le vin me semble légèrement passé.
Sec 2013 : (18hL/ha au lieu d’environ 38 à cause de la grêle sur le domaine, là aussi millésime manquant d’un peu de maturité, bouteille tout juste ouverte) Le vin est encore un peu austère, nez sur le citron, un peu de frangipane, très belle tension en bouche, minéral, finale saline assez longue. A attendre un peu mais il accompagnera parfaitement les fruits de mer dans quelques années. TB-.
Passage à la cave avec M. Foreau pour une dégustation de quelques fûts et quelques bouteilles :
Sec 2014 Lot n°3 fût 1 : (En 2014 les rendements ont encore été faibles, mais cette fois-ci à cause des drosophiles. M. Foreau est très inquiet de voir ces insectes revenir régulièrement les prochaines années. Il n’y a que du sec et de la bulle en 2014, mais la qualité est au rendez-vous) Le lot n°3 est déjà issu d’un pré-assemblage. Plus de maturité que 2012 et 2013, on est autour de 5gr ici, plus de matière, un vin déjà gourmand et accessible, fruité et floral, avec une bonne tension. TB.
Lot n°3 fût 2 : le même sur un autre fût, plus « direct », plus tendu, tout en gardant le fruit du précédent. Très prometteur. TB+.
Lot n°2 : un lot plus austère, plus minéral, avec un peu moins de maturité, qui offre un peu moins de plaisir en l’état. TB-.
Lot n°1 fût 1 : lot présentant le plus de maturité avec un peu plus de 5gr SR/L, ce premier fût est fruité, floral, se rapproche du Lot n°3 fût 1 avec un peu moins de minéralité. TB-.
Lot n°1 fût 2 : floral et fruité comme le précédent mais plus tendu, plus proche du second fût du Lot n°3. Excellent, le millésime 2014 s’annonce supérieur à 2012 et 2013. TB+.
Demi-sec 2005 (bouteille ouverte depuis 3j) : un vin un peu plus évolué, très légères notes fumées au nez, amande, "fèves de tonka" pour M. Foreau, bouche encore assez jeune, le vin manque un peu de tension, "il se comporte bien mieux juste après ouverture, les vins du domaine ne doivent jamais être carafés".
Demi-sec 2005 (bouteille tout juste ouverte) : pour me le prouver on ouvre une bouteille, le nez est assez proche mais la bouche très différente, avec un meilleur équilibre ici, beaucoup plus d'acidité et de tension, finale plus longue. Une grande année. TB+.
Moelleux 2010 (ouvert depuis 4j) : (60gr SR) la bouteille a mieux tenu que le demi-sec 2005, le nez est encore sur le fruit mûr, coing, agrumes, fruits exotiques, on sent le millésime 2010 par une acidité très élevée, beaucoup de fraîcheur. Une future belle bouteille. TB.
Demi-sec 2003 (ouvert depuis 3j) : (23gr SR) on change de registre, robe plus évoluée, le nez peut rappeler des SGN alsaciennes d'après le producteur, avec un côté légèrement truffé, des fruits secs, en bouche on sent le millésime chaud avec un léger manque d'acidité, on sent bien les sucres du coup pour un demi-sec, mais la longueur est là. A marier avec du sucré-salé ou des plats épicés pour M. Foreau qui tient beaucoup à l'accord mets/vins. TB-.
Moelleux 2009 : nez sur le coing et la pomme bien mûre, bouche épaisse, concentrée, très mûre et à la fois portée par une grosse acidité pour le millésime, grande longueur. TB+.
Goutte d'or 2011 : (240 gr SR ?) après 1947 et 1990 c'est 2011 qui a été choisi pour faire une Goutte d'or, mais en quantité bien inférieure à 1990, d'abord parce qu'il y avait la possibilité de le faire, ensuite parce qu'il n'y en avait pas eu depuis longtemps mais aussi parce que beaucoup de producteurs ont décrié le millésime et ont vendangé un peu tôt. Au Clos Naudin on a pris le risque d'attendre une semaine supplémentaire, et ça a payé. M. Foreau me dit que le seul millésime où il regrette de ne pas avoir fait une goutte d'or est 1989, mais la réserve 1989 est l'une des meilleures selon lui. Belle robe dorée, nez expressif, sur le fruit mûr, avec des fruits rouges, de la pomme, des fruits exotiques. La bouche est épaisse, sirupeuse, mais finalement légère pour du 240gr de résiduel, avec une bonne acidité, facile à boire. Très belle longueur. Bien sûr ça manque un peu de complexité par rapport à ce que ça donnera dans quelques années, mais c'est déjà excellent. TB+.
Un grand merci au domaine pour cet accueil !
Clos Naudin - Vouvray demi-sec 2017 : Couleur dorée, nez sur la pomme au four, le coing, la noisette. La bouche est très légèrement sucrée, facile d’accès, peut-être un peu simple, mais efficace. TB.
Clos Naudin - Vouvray moelleux 2009 : Couleur presque ambrée, nez sur la pâte de coing, l’abricot, le miel, un peu d’évolution noisette. Bouche qui reste assez digeste, pas trop sucrée, complexe, fraîche, qui manque un peu de longueur par rapport aux grandes bouteilles du domaine. TB.
Clos Naudin - Vouvray moelleux reserve 1989 : (bouchon en forme, ouf !) Couleur bien plus claire, le nez est très frais et aérien, miel, thé vert, zestes d'agrumes, fuits confits aussi bien sûr, assez subtil. La bouche est aérienne, pas trop sucrée, avec une belle acidité, encore de la jeunesse, une petite touche champignon-cèpe me gêne un peu pour être parfait et je suis peut-être resté bloqué dessus. Mais sinon un très beau liquoreux, qui se dévoile petit à petit. On me souffle dans l'oreillette encore mieux le lendemain. TB++.