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Whisky Wine N' Beer
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12 mars 2024

Visite au domaine Henri Chauvet à Boudes (partie 1) ****

 

Visite au domaine Henri Chauvet à Boudes

 

 

« Dès ton premier millésime, tu devras frapper un grand coup » avait dit Chave à Laurent Vaillé selon la légende. Les premiers vins d’Henri étaient encore dans les fûts que les collègues nous prévenaient déjà : « Allez voir ce qui se passe à Boudes, c’est extraordinaire, mais surtout ne trainez pas, il sera bientôt trop tard ! »

 

En effet, une nouvelle page des Côtes d’Auvergne était en train de s’écrire. Avec le départ à la retraite d’Annie Sauvat et d’Annie Charmensat à Boudes, l’ancienne génération laissait sa place à la nouvelle. Et avec tous les jeunes vignerons qui s’installent en 2022 et 2023 en « bio tendance nature » pour schématiser, Henri se retrouve, sans rien avoir demandé, comme chef de file et ambassadeur des nouveaux vins de la région.

 

Henri Chauvet a racheté le domaine Sauvat en 2021. Il a été formé chez Jérôme Bressy (Gourt de Mautens) et Thierry Allemand où en plus d’acquérir une grosse expérience à la vigne et en cave, il a pu construire son futur réseau de distribution. Henri est surtout un grand amateur de vin, qui a rendu visite à quasiment tous les bons vignerons dans toutes les régions de France.

 

Disons-le d'emblée : dès les 2021, les vins ont atteint un niveau que l'on n'avait encore jamais vu dans la région. Les 2022 et 2023 sont encore meilleurs, et nul doute qu'avec tout ce qui est mis en places les millésimes suivants vont encore progresser. Ils combinent pureté, fruité, gourmandise, précision, profondeur et surtout expression du terroir comme je l'ai rarement vu sur fût, toutes régions comprises.

 

C'est qu'Henri se donne les moyens de ses ambitions. A chaque étape, il choisit ce qu'il y a de mieux : meilleurs tonneliers, massales de chez Bérillon (6€ HT le plant !), bouchons Francisco Sagrera comme ceux de la Romanée-Conti par exemple, travail au cheval sur 7ha pour le moment avec 2 prestataires (6000€ / ha), greffe en place, 4 employés en hiver et 8 au printemps (10 en comptant le labour au cheval), nouveau chai, étiquettes de Jules Maillard, bio et levures indigènes bien sûr, etc... Il se pose aussi des questions sur ce qui pourrait lui permettre de progresser encore plus, demande conseils aux meilleurs (Valette, Ganevat, Allemand...) sur les questions de la biodynamie, des semis, du soufre volcanique, de l'inertage... Il n'est pas fermé sur ces questions mais tout sera minutieusement expérimenté avant d'être appliqué.

 

Le domaine est entièrement sur Boudes. Il fait environ 10 hectares (6 de gamay, 3 de pinot et 1 de chardo) auxquels il faudra ajouter les plantations de 2023 : 0,5ha de syrah sur échalas à haute densité et 1 ha de cabernets francs avec quelques cabernets sauvignons et quelques clairettes à 600m d’altitude sur une coulée de basalte. L’an prochain il faudra aussi ajouter deux belles parcelles en luzerne depuis plusieurs années qui viennent d’être défrichées afin de planter en tout 1,5ha de blanc en complantation (Savagnin, chenin, maccabeu, roussanne, vermentino, chardonnay et sauvignon sont réservés chez Lilian Bérillon). Et un projet encore plus ambitieux est en cours. L'idéal pour lui serait autour de 12ha.

 

Le domaine était autrefois en conventionnel, avec beaucoup de produits chimiques et de gros rendements, mais Annie Sauvat avait entrepris un début de conversion vers le bio depuis 5 ans environ. Il y avait donc du mieux ce qui permettra à Henri de gagner du temps. S'il faut retravailler les sols, la taille, etc... il a notamment pu récupérer une majorité de vieux gamays d'Auvergne sur de beaux terroirs.

 

 

 

Un tour dans les vignes

 

On commence par le coteau historique, à la sortie du village. Sélection massale de pinot noir de Pommard sur porte-greffes SO4. Entre les bâtons au premier plan, un porte-greffe américain (le 140) prêt à être greffé sur place. Ces pinots rentrent dans la cuvée Vie Ordinaire. Tout au fond à gauche les chardonnays de la cuvée A fleur de peau. Entre les deux la parcelle de gamay De cendre et d'âme. Les terrasses tout en haut appartiennent au domaine Pelissier. Tout est taillé en guyot-poussard désormais (sauf les syrahs sur échalas qui sont en gobelets) et non plus en guyot simple, avec une taille douce, de "bon sens".

 

 

Toujours le coteau historique, mais à l'entrée du village. A gauche les gamays de Tout là haut, à droite une autre parcelle de pinot noir.

 

Sur le coteau historique, au centre. Plantations de cabernet francs. Des massales de Trotanoy, Vieux certan, quelques Loire aussi, achetées chez Bérillon. Environ 600m d'altitude donc au-delà de la limite de l'AOC ! Là aussi sols volcaniques, exposition sud.

 

Plantation des syrahs sur échalas (pour une meilleure photosynthèse et donc une meilleure maturité), juste en dessous des cabernets francs. Ce sont des massales de chez Clape et Chave achetées chez Bérillon. Densité 8600 pieds/ha environ, 1,40m * 1m. Les porte-greffes sont variés sur les nouvelles plantations.

 

Toujours le coteau historique exposé sud, à peine à droite et sous les syrahs, le cœur de la parcelle de pinot noir qui rentre dans Vie ordinaire. Sur notre gauche il y a de nombreux genévriers et églantiers. Ont-ils une influence sur les aromatiques ? Ici 1,6ha sur basalte, un peu de marnes rouges à gauche, plus calcaire sur notre droite.

 

 

Cette fois-ci on passe de l'autre côté du village, sur le "plat", nous ne sommes donc plus sur le coteau volcanique, mais sur des argiles rouges reposant sur un bloc calcaire. Ici les gamays de la cuvée Rouge. Il y a environ 70% de vieux gamays d'Auvergne et 30% de gamays beaujolais, ce dernier est mûr quinze jours plus tôt ! Pour le moment juste un peu d'engrais organiques, les sols sont dans une phase de repos, de "remise à zéro" après laquelle Henri essayera divers semis et engrais verts.

 

A peine plus loin, la parcelle des chardonnays de Froussard, quelques pinots à gauche et quelques gamays à droite et sous la cabane, qui entrent dans la Huppe. Sols très différents, ici granit décomposé en sous-sol avec quartz, feldspath et mica et argiles rouges en surface.

 

 

 Les millésimes

2023 : Année marquée par une très forte sécheresse, à Boudes pire qu'ailleurs dans les Côtes d'Auvergne.... Au final de très petits rendements. Henri a eu peur de friser la catastrophe, il a du coup acheté un peu de raisin (même si le négoce ce n'est pas son truc, mais quand on n'a pas le choix...) Il s'en sort tout de même avec presque 30hL, "inespérés" juste avant les vendanges où il pensait avoisiner les 10hL. Par contre une bonne partie des nouvelles plantations de mai est morte de la sécheresse, il va falloir recommencer... Un gros tri a été fait : toute une parcelle de pinot noir a été laissée au sol ! Les vins s'annoncent cependant frais avec des ph qui sont restés étonnamment bas, un peu à mi-chemin entre 2022 et 2021 (un peu plus proche de 2022 tout de même) au sens où il y a encore plus de profondeur que dans les 2022, encore plus de tension, et légèrement moins de rondeur. 

2022 : un printemps très sec mais de l'eau est finalement tombée l'été. Un millésime "caviar", comme Henri a rarement vu même dans le Rhône, l'état sanitaire était parfait. Le millésime a donné des vins déjà très accessibles, avec de beaux volumes, plus en rondeur que les 2021. Un côté "sexy" sans manquer de fond pour autant sur les beaux terroirs. Les ph étaient paradoxalement plus bas que sur les 2021.

2021 : millésime très pluvieux, frais. Afin de bien comprendre tous ses terroirs Henri avait vinifié et commercialisé les vins parcelle par parcelle. Le millésime a donné des vins de garde, très marqués par la grappe entière, sur la tension, avec moins de volume et moins de rondeur que 2022, mais les vins ont beaucoup de profondeur. Un millésime pour amateurs avertis.

 

Henri chauvet

Les 2021 et 2022 on été vinifiés au domaine Sauvat (ci-dessus), les 2023 dans le nouveau chai (ci-dessous) : vinifications au rez-de-chaussée, élevages et stockage au sous-sol.

 

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