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9 avril 2024

Visite du Coteau Libre à Lavoûte-Chilhac ***

 

Visite du Coteau Libre à Lavoûte-Chilhac

 

 

 

Tout a commencé en 2019 lorsque Paul Aublet-Cuvelier et Mathieu Fleuriet ont eu le projet fou de défricher le coteau du lieu-dit Belmont, à Saint-Privat du Dragon, face à Lavoûte-Chilhac.

Paul est aussi associé en parallèle avec Lisa Le Postec sur le projet de négoce L’Eau qui dort. Après un BTS viti-oeno, il s’est notamment formé dans le Jura chez Désiré-Petit. Mathieu Fleuriet est lui en parallèle vigneron à Sancerre, au domaine B. Fleuriet & Fils.

 

 

Vue depuis les vignes. Lavoûte-Chilhac est en bas à gauche. Au centre juste derrière les quelques sapins verts on peut deviner une terre en friche prête à accueillir les vignes de deux autres jeunes vignerons sur des sols volcaniques ici.

 

 

 

Si en 2019 ce n’était qu’une forêt, les murs de pierre encore en bon état attestent d’une viticulture en terrasse il y a fort longtemps. Il ne reste que le Conservatoire de Saint-Ilpize. Les vins, ici, sortent obligatoirement en Vin de France.

 

 

 

Après un long travail de défrichage, il a fallu refaire les chemins, repenser et retravailler les circuits hydrauliques et bien sûr planter la vigne : 4 hectares en 2020 + 1,5 hectare en 2021. Un travail titanesque !

Avec des pentes comme celles-ci, il faut absolument éviter l'érosion. Sur les plantations de 2020, 1 mur sur 2 a été enlevé pour avoir de plus grandes parties d'un seul tenant. Mais sur celles de 2021, Paul et Mathieu ont dû revenir au "format d'origine" comme sur le haut de la photo avec des terrasses plus étroites.

 

 

 

Le coteau est situé entre 550m et 680m d’altitude (moyenne autour de 650m), sur une sorte d’amphithéâtre exposé sud-sud-est et sud-ouest de l'autre côté. Pente de 40% en moyenne. L’altitude compense un climat extrêmement solaire et peu pluvieux car le coteau se situe en plein effet de Foehn, de l’autre côté d’une barrière de montagne (notamment le Mont Mouchet, 1500m environ). Autour de nous, la végétation est quasi méditerranéenne, avec des cactus, des saponaires de Montpellier déjà en fleurs, des figuiers, etc…

 

 

 

Ici les sols ne sont pas du tout volcanique, ni calcaire, il s’agit de granite leptynite (roche qui était encore plus profonde dans la mer par rapport à un granite « classique »), un granit très friable, très riche en divers minéraux (quartz, mica, feldspath et bien d’autres), par moment altéré en schistes, donc en quelque sorte proche des gneiss.

 

 

Le coteau a été planté majoritairement en syrah, avec aussi des pinots noirs et des gamays. En blanc roussanne, chenin et un peu de pinot gris. Ce sont pour ¾ des massales de chez Bérillon avec surtout une grande diversité génétique (environ 600 individus différents pour les syrahs). Porte-greffes 3309, 101-14, gravesac. Le « coteau » est planté en 160*80 soit 7000pieds/ha. Sur les terrasses "plates", équivalent  à 9000 pieds/ha.

 

 

 

La vigne est palissée haute, tressée si possible, taillée en palmette sur tous les cépages. C’est une taille avec un bras de chaque côté, qui ressemble un peu au guyot double mais avec des « étages » pour plus d’espacement, avec 8 bourgeons par cep.

 

 

Des semis ont été plantés cette année : radis, seigle, vesce… L'herbe sera couchée au rolofaca, l'idéal serait d'arriver au non labour dans quelques années (un des principes de la viticulture régénérative). Les vignes sont en bio, beaucoup de phytothérapie, pas forcément de biodynamie, en tout cas dans un premier temps.

 

 

Il va bientôt être le moment de tout clôturer, pour protéger les vignes des nombreux blaireaux et ratons-laveurs dans le coin !

 

 

 

La dégustation

 

Paul et Mathieu ont pu acheter le prieuré de Lavoûte-Chilhac, un bâtiment magnifique et spacieux, même s’il y a encore beaucoup de travaux à prévoir.

Tous les vins sont en levures indigènes, léger sulfitage uniquement si nécessaire.

 

 

 

Les 2023 sur fût

 

chenin/roussanne : (avec le fond du 2022) un premier blanc avec de très jeunes vignes, proches de grapillons, mais un très joli blanc, citronné, floral, avec du peps, peut-être le plus frais des 2023 en Auvergne. Paul me dit que le roussanne ici, ramassée juste à la limite de la sous-maturité garde une très belle acidité, peut-être plus que les chenins. C'est prometteur pour la suite.

 

Le rouge jus de goutte : (syrah + 10% gamay et pinot noir. La syrah est égrappé à 30%) une syrah colorée, au nez très marqué syrah, lardé, violette, olive, anchois, petite volatile. Bouche saline, qui ne semble pas trop haute en alcool, bonne acidité, de corps moyen, des tannins fins. La fin de bouche donne une sensation de salinité-umami très salivante.

 

Le même sur un fût Lacroix : le vin semble encore plus frais, plus tendu, petite volatile aussi, le bois a encore moins marqué (même s'il a peu marqué sur le fût précédent qui n'était pas neuf), beaucoup d'allonge, très droit, belle acidité, et une finale encore plus saline. Très prometteur.

 

Le rouge avec quelques jus de presse : un peu plus de volatile que sur les deux précédents, un peu plus de volume, de "mâche" et de tannins. Il fera du bien dans l'assemblage.

 

Le rouge 100% jus de presse : goûté sur plusieurs fûts, la volatile est très marquée. Tous les rouges ont vu 1 gr/HL de SO2 après malo mais c'était déjà un peu tard sur ce genre de millésimes très solaires. Dommage car il y a un joli fond. Les jus de presse seront probablement remis dans les 2024 en fermentation.

 

 

Le Coteau Libre rouge 2022 : (environ 80% syrah, gamay, pinot noir et les quelques grapillons de chenin. Egrappé car les rafles n'étaient pas suffisamment mûres) Le vin sera embouteillé au printemps 2024, dans quelques semaines donc. Un profil plus léger que les 2023, moins de corps mais un jus plus gouleyant, très frais, petite volatile mais pas gênante à ce stade, encore quelques petits tannins, à peine moins lardé et salin que les 2023 mais on sent tout de même cette même trame terroir. Pour des vignes qui ont 2 ans c'est très prometteur.

 

Négoce Ribeyrou 2023 : (négoce, gamay, pinot noir et un peu de syrah, achat sur St Pourçain) jus de fruit très facile à boire, très fruité, le gamay domine, parfaitement propre (toujours pas sulfité et il n'y aura probablement pas besoin d'en mettre), on sent qu'il n'y a pas le même fond, pas l'aspect terroir du Coteau Libre, c'est plus simple, mais très efficace, on y retourne facilement. C'est le but de la cuvée. Là aussi, mise en bouteille au printemps 2024.

 

 

 

Un grand merci à Paul pour la visite. Il faut féliciter ces gens ambitieux, peut-être un peu fous même lorsque l'on voit tout le travail qui a déjà été accompli, de redonner vie à ce si beau coteau historique, nourrissant ainsi notre passion pour le vin. Il faudra bien sûr être patient et indulgent avec les tout premiers millésimes qui vont sortir. Mais il s'agit bien là du projet le plus passionnant d'Auvergne ! Quel bonheur ce sera de goûter ces vins dans dix ans ! On sent déjà dans les premiers jus qu'il y a un vrai fond, un grand terroir qui ne demande qu'à s'exprimer. Et avec le talent et la philosophie de Paul le coteau est entre de bonnes mains.

 

 

 

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